Le roman Le flambeau perse est né lors d’un voyage de plusieurs mois en Iran. Il vient d'être édité par les Editions L'Harmattan, vous pouvez le commander ici/

 

Synopsis  

Étudiant français d’origine iranienne, Pejman se laisse convaincre par son professeur d’entreprendre un voyage d’études en Iran afin de de vérifier la réalisation d’une prophétie prévoyant le retour au pouvoir des vieilles familles perses.


Mais le jeune homme est loin d’imaginer que ce périple dépassera toutes ses attentes et changera son destin à jamais. Sous la poussière des pierres plurimillénaires, dans les entrailles des mosquées ou des cryptes oubliées, il découvre des secrets profondément enfouis au cœur des lieux les plus emblématiques de l’Iran. Entouré de chercheurs, d’explorateurs et de mécènes aux intentions divergentes, il comprend peu à peu que ses investigations l’exposent à des dangers insoupçonnés. Des forces en puissance, anciennes et obscures, cherchent à empêcher la réalisation de cette
prophétie.


À qui se fier dans cette quête qui attise les convoitises et dont les conséquences sont considérables pour l’avenir du peuple
iranien ?

Extrait 1

« Ipsahan, époque actuelle.

Si l’on m’avait dit un jour que je vivrais l’aventure qui va suivre, je ne l’aurais pas cru. J’aurais pensé être le sujet d’une prophétie farfelue ou la victime d’un maraboutage. J’étais simple étudiant en histoire, comme bien d’autres, ni brillant ni mauvais, jusqu’à ce que ma vie épouse une destinée aux allures de conte oriental. Tout a commencé lorsque, à la fin d’un cours à l’université de Montpellier, mon professeur iranien spécialiste de la Perse m’a pris à part. Dans la région désertique iranienne de Yazd, le professeur Nouri avait trouvé une tablette vieille de plus de mille deux cents ans. Elle annonçait le retour au pouvoir de l’Empire Perse au début du XXIème siècle, plus précisément, celui des Achéménides, dont l’icône était le bien connu Darius Ier. En tout cas, c’était l’interprétation qu’en avait retiré Nouri puisque l’inscription en élamite, une langue aujourd’hui éteinte, restait très énigmatique. Né sur le sol français de parents qui ont fui le régime du Chah, j’ai depuis le plus jeune âge nourri une grande passion pour l’histoire iranienne et, sans l’admettre, pour la politique aussi. A cette époque, je m’intéressais particulièrement aux différences culturelles entre les mondes pré et post-islamiques. La prophétie dont m’entretint le professeur tissait une maille entre les deux mondes et de plus, offrait enfin une perspective à la société iranienne. Ma curiosité se transforma en fascination lorsque le professeur Nouri me montra la tablette et l’ensemble des recherches qu’il avait menées sur celle-ci, durant plus de vingt années de travail. Je m’en souviens comme si c’était hier. Sans doute flatté par mon enthousiasme, il m’avait convié chez lui un soir d’hiver et m’avait dévoilé, en le sortant d’une armoire aseptisée, le trésor de sa vie. Hélas, lui-même était désormais persona non grata en Iran. Il me convainquit de continuer ses recherches sur place. En étant étudiant, j’avais une légitimité à poser des questions et en tant que français, je bénéficierais d’une immunité presque certaine. Naïf, je ne savais pas que j’allais entreprendre alors, à la poursuite de cette prophétie, un voyage qui impacterait bien plus que mon futur, une signature pour l’histoire iranienne. »

 

Extrait 2

« Je note rigoureusement l’enchaînement de caractères cunéiformes gravés dans le sol lorsque j’entends de légères vibrations dans mes oreilles. Je relève la tête, aux aguets. Je ne vois rien mais le vrombissement demeure. Je suis pourtant seul sur le site et aussi loin que porte mon regard, je n’aperçois que des pierres, du sable et de la terre rouge. Mais haut dans le ciel, je discerne maintenant les contours réguliers et effilés d’un drone qui plane quasiment à la verticale de ma position. À peine mon regard s’est-il porté sur lui qu’il effectue un recul brut, tournoie une nouvelle fois avant de disparaître derrière les montagnes. Le cœur palpitant, je termine de noter les caractères sur mon bloc-notes et rentre à l’hôtel à pas rapides. Durant les quelques centaines de mètres qui me séparent de mon logement temporaire, mes pensées s’entrechoquent. D’où viennent ces inscriptions ? Est-ce que cette prophétie s’ancre dans une quelconque réalité ? Et aussi, et surtout, qui m’espionne ? Suis-je en danger ? Je n’ai bien évidemment aucune réponse à ces questions mais je suis soulagé de prendre le bus de nuit pour quitter Abyaneh. Ma curiosité concernant cette histoire a trouvé un égal : ma peur quant au danger que j’encoure. Mais je crois qu’il est déjà trop tard pour faire machine arrière. Soit. »

 

Extrait 3

« Anahita déambule dans ce souterrain encombré comme si elle y habitait. A l’extrémité Est de la crypte, contre le mur d’enceinte, des soubassements en porphyre nous dévoilent des inscriptions verdâtres à peine visibles. Je m’approche à quelques centimètres de la roche et j’ai du mal à croire ce que j’ai sous les yeux.

— Ce n’est pas de l’élamite, analyse Anahita avec lucidité.

— Effectivement, c’est de l’araméen.

— Ici, sous un édifice musulman ?

— Vous ralliez donc ma théorie ?

— Pas si vite, Pejman.

Je regarde une nouvelle fois les inscriptions qui s’alignent sur quelques dizaines de centimètres.

— C’est très endommagé, puis-je prendre des photos ?

— Si quelqu’un vous contrôle à l’extérieur, je perds mon poste.

— Je les envoie dans le cloud, et avec ce réseau, cela ne prendra que quelques…

Je vois la barre de réseau qui diminue devant mes yeux.

— Que vingt minutes.

— C’est trop, oubliez cela, le gardien ne m’en a laissé que dix.

— Pouvez-vous demander davantage de temps ? C’est vraiment important pour moi.

Elle me fusille du regard mais accède à ma requête.

Deux minutes passent. Le téléversement est à 70%. Je tente de changer de place pour capter plus de réseau. Sans succès. Soudain, j’entends des pas redescendre les marches. Quatre pas exactement. Merde. Je me cache au plus loin de l’escalier, derrière une relique massive et colle mon dos à la paroi froide et humide d’une cloison.

— Où est votre collègue ? demande le garde, projetant sa lampe dans la crypte et ses arcades.

— Pejman ? appelle Anahita, avec une voix ténue.

Lorsque le garde prend son talkie-walkie pour appeler des renforts, j’hésite. Si je sors maintenant, ce sera trop tôt. Mais si je reste là, je vais finir en garde à vue. Sur un coup de sang, je m’écrie.

— Je suis là, je suis là. Je m’étais perdu, excusez-moi. C’est tellement grand ici.

J’accours vers eux. Anahita, décomposée, se rassure un peu tandis que le garde range son talkie-walkie avec un regard menaçant.

— Je vous avais dit qu’il ne fallait pas vous éloigner, Pejman.

— Excusez-moi, cela ne se reproduira plus.

Je sens une vibration dans ma poche qui indique que le transfert s’est réalisé avec succès. Le garde grogne, nous fait remonter et nous demande nos portables. Il nous prie de s’éloigner et vérifie nos photos et vidéos. Après un moment, il revient vers nous et nous les rend.

— Vous pouvez partir, fit-il, visiblement énervé par la situation.

Nous faisons une petite boucle par la salle des martyrs puis nous sortons sous la chaleur harassante. Anahita semble être à bout de nerfs.

— Je suis désolé, mais cela en valait la peine.

— J’espère que vous pourrez me le prouver dans les prochains jours. Je risque de perdre mon accréditation à cause de votre insouciance.

Alors que sa voix est devenue stridente, elle essaie de maintenir un visage hiératique.

— Vous ne risquez rien, il n’a aucune preuve.

— Mais ces gens-là n’ont pas besoin de preuves ! »